^Aliyy le fils de 'Abou Talib

Les Califes vertueux

^Aliyy le fils de 'Abou Talib
le quatrième calife bien guidé

Sa biographie

Il est notre maître le père de Al-Haçan, Abou l-Haçan, ^Aliyy fils de Abou Talib, fils de ^Abdou l-Mouttalib fils de Hachim, fils de ^Abdou Manaf. Il est le fils de l'oncle paternel du Messager de Allah et le gendre du Prophète. Il est le père de Al-Haçan et Al-Houçayn. Il était le premier des enfants à être entré en Islam. C'était un des illustres de cette religion. Il était l'un des conquérants et des courageux des plus reconnus. Il était un modèle pour les ascètes et faisait partie des plus réputés des orateurs, des éloquents et des savants qui œuvrent conformément à leur science. Sa mère est Fatimah fille de 'Açad, fils de Hachim.Il est né dix ans avant l'avènement de la mission de notre maître Mouhammad. Il avait grandi dans la maison du Prophète Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wa sallam. Et il était surnommé Haydarah. Il a été dit que c'était sa mère qui lui avait donné ce surnom.

Pour ce qui est de son appellation Abou Tourab, c'est le Messager de Allah qui le lui avait donné. Cette appellation a plus d'une histoire. Un jour, le Messager était entré chez Fatimah, sa fille qui était l'épouse de ^Aliyy, et l'avait interrogée au sujet de ^Aliyy. Il lui avait dit :

«أين ابن عمِك»

('Ayna bnou ^ammik)

ce qui signifie: «Où est le fils de ton oncle paternel ?». Elle répondit : «Il est là-bas, allongé dans la mosquée». C'est alors que le Messager de Allah partit le voir. Il le trouva allongé mais sa cape avait glissé de son dos. Le Prophète se mit à enlever le sable (tourab) qui était collé à son dos en lui disant:

«اجلس أبا تراب»

('Ijlis 'aba tourab)

ce qui signifie : «Assieds-toi Abou Tourab». Par Allah, il n'y avait pas autre que le Messager de Allah qui lui avait donné cette appellation et il n'y avait pas un surnom que ^Aliyy aimait plus que ce surnom.
Par ailleurs, une grande épreuve s'était abattue sur Qouraych. Abou Talib qui était le père de ^Aliyy avait beaucoup d'enfants et peu d'argent. C'est alors que le Messager avait pris ^Aliyy chez lui avant même qu'il ne commence à recevoir la révélation. Al-^Abbas le frère de Abou Talib et l'oncle du Prophète avaient pris en charge Ja^far pour alléger la charge à Abou Talib.


Sa description

Il était, que Allah l'agrée, un homme de taille moyenne, à la peau couleur du blé. Il avait une barbe large de couleur blanche qu'il ne teignait pas. Il l'avait teinte une fois avec du henné puis avait abandonné. Il avait de larges épaules et de grands et fins biceps. Il avait un beau visage, des mollets musclés et fins à leurs extrémités. Il avait de grands yeux de couleur très noire contrastant avec le blanc et sur lesquels avait été vu une fois, du kouhl. Il était parmi les plus courageux des compagnons. Il était de ceux qui avaient le plus de connaissance pour émettre des jugements et de ceux qui étaient les plus ascètes dans le bas monde. Il ne s'était jamais prosterné pour une idole. Lorsqu'il marchait, il était ferme et décidé. Il n'avait jamais mené un combat avec quelqu'un sans qu'il n'ait eu le dessus. Il était courageux et toujours victorieux de ceux qu'il rencontrait.

Il a été rapporté que Mou^awiyyah avait dit à Dirar As-Souda'iyy: «Décris-moi ^Aliyy». Il lui avait répondu: «Évite-moi cela». Mais il lui avait dit: «je veux que tu me le décrives». Il dit: «S'il est nécessaire que je le décrive, par Allah, il était très fort, il parlait peu mais bien, il était juste lorsqu'il émettait des jugements, la science jaillissait de tous ses côtés et la sagesse sortait de sa bouche. Il évitait le bas monde et sa beauté et il trouvait le plaisir dans la nuit et sa solitude. Il était beau et très éloquent, il méditait beaucoup. Il était parmi nous comme l'un d'entre nous. Il nous répondait lorsque nous l'interrogions et il était tellement proche de nous que nous ne lui parlions presque pas avec égard. Il avait beaucoup de respect pour les gens de la science. Il rapprochait de lui les miséreux. Le plus fort n'avait pas espoir que ^Aliyy dise quelque chose de faux pour l'aider et le plus faible ne perdait pas espoir que ^Aliyy lui donne justice. Je témoigne qu'une fois, alors que la nuit était tombée et que les étoiles étaient nombreuses dans le ciel, je l'avais vu ayant pris sa barbe dans sa main en train de gémir comme le malade. Il pleurait comme celui qui était chagriné et disait: «Ô toi bas monde, va entraîner quelqu'un d'autre que moi! Est-ce que tu veux me provoquer ou quoi?! Je t'ai divorcé par trois fois et il n'y a pas de reprise. L'âge dans le bas monde est court et malheur, malheur à celui qui n'a pas beaucoup de provisions pour le long voyage et la solitude du chemin». C'est alors que Mou^awiyyah se mit à pleurer: «Que Allah fasse miséricorde à Abou l-Haçan, il était par Allah comme tu l'as décrit. Quel est ton chagrin pour lui, Ô Dirar (maintenant qu'il est mort)». Il lui répondit: «J'ai le chagrin de la femme à qui l'on a égorgé son unique enfant sur ses genoux».


Ses habits

Khalid Ibnou 'Oummayyah a dit: «J'ai vu ^Aliyy qui avait son pagne qui se rapprochait de ses genoux». Et ^Abdou l-Lah Ibnou Abi l-Houdhayl a dit: «J'ai vu ^Aliyy avec un qamis, s'il tirait le bras de la chemise il arrivait jusqu'à l'ongle et s'il le relevait il arrivait au milieu de l'avant-bras. Il mettait un pagne ('izar) qui était élevé (c'est-à-dire il ne descendait pas bas) et on lui a fait la remarque. Il a dit: «Ceci aide à augmenter le khouchou^ dans le cœur, pour que ce soit un modèle pour le croyant (C'est-à-dire que ça aide pour la modestie plutôt que d'avoir quelque chose de long qui descend plus bas)». Il a été vu une autre fois avec un pagne à mi-mollets et une cape qui était proche du pagne. Il avait un bâton avec lequel il marchait dans les marchés. Il ordonnait aux gens de faire preuve de piété à l'égard de Allah et de vendre correctement. Il leur disait: «Soyez larges lorsque vous mesurez ou pesez pour les gens». Il mettait un bandeau de couleur noire sur sa tête et portait le turban noir. Avant lui, notre bien-aimé Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wa sallam, le jour de la conquête de la Mecque, avait mis un turban de couleur noire et avait laissé pendre une partie de son extrémité.

Notre maître ^Aliyy mettait à sa main gauche une bague sur laquelle était inscrit: «محمد رسول الله» ce qui signifie: «Mouhammad le Messager de Alla et: «لله الملك» ce qui signifie: «Allah est Celui Qui a la souveraineté [absolue, exempte de début, exempte de fin]».


Son ascètisme

^Ammar Ibnou Yacir, que Allah l'agrée, a rapporté: le Messager de Allah a dit à ^Aliyy:

إن الله قد زيّنك بزينة لم يزين العباد بزينة أحبَّ منها، هي زينة الأبرار عند الله ، الزهد في الدنيا. فجعلك لا ترزأ " من الدنيا " أي لا يصيب من الدنيا " و لا ترزأ الدنيا منك شيئًا، ووصب لك المساكين " أي أدام لك المساكين فجعلك ترضى بهم أتباعًا ويرضون بك إمامًا

('inna l-Laha qad zayyanaka bizinatin lam youzayyini l-^ibada bizinatin 'ahabba minha, hiya zinatou l-'abrar ^inda l-Lah, az-zouhdou fi d-dounya. faja^alaka la tarza'ou mina d-dounya 'ay la yousibou mina d-dounya wa la tarza'ou d-dounya minka chay'a, wa wasaba laka l-maçakin "ay 'adama laka l- maçakin" faja^alaka tarda bihim 'atba^an wa yardawna bika 'imaman)

ce qui signifie: «Allah t'a embelli par une parure. Il n'a pas accordé meilleure qu'elle aux autres gens. C'est la parure des bienfaisants et pieux selon le jugement de Allah. Il s'agit de l'ascètisme dans le monde. Il a alors fait que tu ne prennes rien du bas monde et que le bas monde ne prenne rien de toi. Il a fait que les pauvres t'aiment et te suivent, que tu soit satisfait d'eux lorsqu'ils te suivent, et qu'eux soient satisfaits de toi en tant qu'imam».

Un jour Ibnou t-Tayyah est venu à lui et lui a dit: «Émir des croyants, le trésor public des Musulmans s'est rempli d'or et d'argent». Alors ^Aliyy a dit: «Allahou 'akbar» et il s'est relevé en s'appuyant sur Ibnou t-Tayyah jusqu'à arriver au trésor des Musulmans Baytou l-mal en disant: «Ô, toi la jaune et toi la blanche, allez entraîner quelqu'un d'autre que moi» (NDLR: la jaune et la blanche c'est l'or et l'argent) et il a distribué tout ce qu'il y avait jusqu'à ce qu'il ne reste ni dinar ni dirham (dinar ce sont les pièces d'or et dirham ce sont les pièces d'argent). Puis il a ordonné qu'on ballaie le trésor public (c'est une construction) et il accomplit dedans deux rak^ah.

Il a été rapporté qu'une fois, il était rentré dans cet endroit et y avait vu quelques richesses. Il avait alors dit: «Je ne veux pas voir ça ici alors que des gens sont dans le besoin». Il ordonna que ces richesses soient partagées et elles le furent. Il ordonna qu'on balaie le trésor des Musulmans et il s'y endormi.

Un jour, ^Aliyy, que Allah l'agrée, est monté sur le minbar et a dit: «Qui veut acheter de moi mon épée que voici? Si j'avais eu le prix d'un pagne je ne l'aurai pas vendu». C'est alors qu'un homme s'est levé et lui a dit: «Moi je te prête l'argent d'un pagne».

Une autre fois, des gens l'ont blâmé pour ses vêtements et il a dit: «Qu'avez-vous avec mes vêtements? C'est mieux ainsi afin de ne pas tomber dans l'orgueil et que les musulmans prennent exemple sur cela».


Ses prodiges

D'après ^Aliyy Ibnou Zadhan: «Une fois, ^Aliyy a dit des paroles et un homme l'a contredit en disant: «Ce n'est pas vrai ce que tu dis». C'est alors que ^Aliyy lui a dit: «Je fais une invocation contre toi si je suis véridique» et l'homme lui a répondu: «Oui». Alors il a fait une invocation contre lui. L'assemblée ne s'est pas terminée que cet homme a perdu sa vue, et devint aveugle.
Abou Dharr, que Allah l'agrée, a rapporté: «Le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wa sallam m'a envoyé appeler ^Aliyy. Je suis parti dans sa maison, je l'ai appelé mais il ne m'a pas répondu. Je suis revenu et j'en ai parlé au Messager de Allah qui m'a alors dit:

عد إليه ادعه

(^oud 'ilayhi d^ouh)

ce qui signifie: «Retournes-y et appelle-le». Je suis reparti pour l'appeler et j'ai entendu le bruit d'une meule (ce qu'on utilise comme une pierre qui tourne pour moudre le grain). C'est alors que j'ai regardé et j'ai vu le moulin moudre tout seul sans que personne ne le fasse tourner. Je l'ai appelé. Il sortit heureux et je lui ai dit que le Messager de Allah l'appelait. Il est alors venu. Je restais ensuite pour voir le Messager de Allah qui me dit:

يا أبا ذر ما شأنك

(ya 'aba dharr ma cha'nouk)

ce qui signifie: «Qu'est-ce que tu as?». Je lui dis: «Ô Messager de Allah, j'ai vu quelque chose de très étonnant. J'ai vu le moulin moudre dans la maison de ^Aliyy et personne ne le faisait tourner».

Une fois, deux hommes qui s'étaient disputés étaient venus voir ^Aliyy pour qu'il arbitre entre eux. Alors qu'il s'était assis au bas d'un mur, un homme qui passait lui dit: «Ô Émir des croyants, ces jours-ci, les murs tombent dans Médine, fais attention». Alors ^Aliyy lui répondit: «Poursuis ton chemin. Allah me suffit comme protecteur». Il a prononcé la sentence entre les deux hommes, s'est levé et le mur est tombé juste après!

Il a été rapporté du Prophète qu'il a dit:

«أقضى أمتي علي»

('aqda 'oummati ^Aliyy)

ce qui signifie «Celui qui est le plus fiable dans ses jugements entre les gens dans ma communauté, c'est ^Aliyy». Et d'après ^Oumar Ibnou l-Khattab,il a dit: «Celui qui est le plus fort d'entre nous pour juger entre les gens c'est ^Aliyy Ibnou Abi Talib». Ibnou Mas^oud, que Allah l'agrée, a dit: «Nous discutions entre nous et nous disions que celui qui était le plus fort des gens de Médine pour juger entre les gens était ^Aliyy Ibnou Abi Talib».

Une preuve de sa force et de son extrême intelligence pour juger est ce qui suit: lorsque le Messager de Allah l'avait envoyé au Yémen, il apprit que quatre hommes étaient tombés dans un piège dans lequel avait été attrapé un lion. Le premier tombé entraîna dans sa chute un second qui en entraîna un troisième qui lui même fit tomber un quatrième. Le lion les blessa et ils moururent de leurs blessures. C'est alors que leurs héritiers se disputèrent jusqu'à faillir s'entre-tuer. ^Aliyy leur dit alors: «Moi, je prononce la sentence pour vous départager. Si vous êtes d'accord, ce sera votre sentence. Sinon je vous empêche de vous voir les uns les autres jusqu'à ce que vous rencontriez le Messager de Allah pour qu'il juge entre vous. Vous prenez des tribus qui ont creusé le piège : un quart du prix du sang, un tiers du prix du sang, la moitié du prix du sang et tout le prix du sang. Le premier tombé aura le quart du prix du sang car il a entraîné avec lui les trois autres, le deuxième aura le tiers car il en a entraîné deux autres, le troisième aura la moitié car il en a entraîné un et le dernier aura un prix du sang complet». Les gens ont refusé d'accepter cette sentence. Ils sont alors allés voir le Messager de Allah et l'ont rencontré près du maqam de 'Ibrahim. Ils lui ont raconté leur histoire et le Prophète a dit ce qui signifie: «Moi je vous donne un jugement». C'est alors qu'un homme lui a dit: «Il y a ^Aliyy qui nous a déjà donné une sentence». Lorsqu'ils lui ont dit ce que ^Aliyy avait dit, le Messager confirma cette sentence. Ceci témoigne de sa grande intelligence.
Il a été également rapporté de notre maître ^Aliyy, que Allah l'agrée, qu'il avait émis un jugement entre deux personnes qui étaient en train de manger ensemble. L'un avait cinq morceaux de pain avec lui et l'autre en avait trois. Un troisième venu leur avait demandé la permission de manger avec eux, et de partager leur repas. Ils l'y autorisèrent. Ils mangèrent tous de façon équivalente. Le troisième arrivé leur donna huit dirhams et leur dit : « ça, c'est en contre partie de ce que j'ai mangé de votre nourriture ». Les deux hommes se disputèrent pour partager ces huit dirhams. Celui qui avait cinq morceaux de pains dit: «Moi, je prends cinq dirham et toi je t'en donne trois». Mais celui qui avait ramené trois morceaux de pain répondit: «Non, on les partage à parts égales: quatre - quatre». Ne se mettant pas d'accord, ils partirent voir ^Aliyy, que Allah l'agrée. C'est alors que ^Aliyy dit à celui qui avait trois morceaux de pain: «Accepte la proposition de ton ami». (C'est-à-dire prend trois dirham et laisse ton ami prendre cinq) Mais celui qui avait trois morceaux de pain refusa et dit: «Moi, je ne veux que la vérité même si elle est amère». Alors ^Aliyy lui dit: «Pour la vérité qui t'est amère, tu n'as droit qu'à un seul dirham et lui, il en prend sept.» Il lui dit: «Et comment cela Emir des croyants?» Il lui répondit: «Parce que huit dirham, c'est vingt-quatre tiers et les cinq morceaux de pains représentent quinze tiers. Et les trois morceaux de pain représentent neuf tiers. Vous avez mangé à parts égales. Toi tu as mangé huit tiers, et de tes neuf tiers d'origine, il te reste un tiers. Quant à ton ami, il a mangé huit tiers et il lui reste de ce qu'il a ramené sept tiers. Le troisième a pris huit tiers c'est-à-dire un tiers de chez toi et sept tiers de ton ami. Tu auras donc une part sur huit de ce qu'il a donné des huit dirham et lui aura sept parts sur huit des huit dirham. Tu auras donc un dirham et ton ami aura huit dirham. Alors l'homme dit: «Maintenant, j'accepte».


Les hadith rapportés au sujet de son mérite

'Ahmad et Al-Hakim, et d'autres que ces deux-là, ont rapporté que le Messager Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wa sallam, a dit:

«من سبَّ عليًا فقد سبَّني و من سبَّني فقد سبَّ الله»

(Man sabba ^Aliyyan faqad sabbani wa man sabbani faqad sabba l-Lah)

ce qui signifie que l'insulte de ^Aliyy est un grand pêché: «Celui qui insulte ^Aliyy, c'est comme s'il m'a insulté. Et celui qui m'a insulté, c'est comme s'il a insulté Allah». Ainsi, celui qui insulte ^Aliyy, qui le déteste, et qui le ne l'aime pas est un grand pêcheur pervers. Et ceci est une mise en garde contre l'insulte de ^Aliyy.
Mouslim et d'autres ont rapporté que notre maître ^Aliyy a dit: «C'est la promesse que le prophètee, qui ne lit pas et n'écrit pas, m'a faite, que ne m'aimera que le croyant et ne me détestera que l'hypocrite». Si insulter un du commun des musulmans est un grand péché, que dire alors de celui qui insulte ^Aliyy ^alayhi s-salam?!

Dans le sahih de Mouslim est parvenu ce qui suit: D'après ^Amir Ibnou Sa^d Ibnou Abi Waqqas qui a rapporté de, d'après son père qu', il a dit: «Mou^awiyah Ibnou Abi Soufiyan a ordonné à Sa^d en lui disant: «Qu'est-ce qui t'empêche d'insulter Abou tourab (c'était le surnom de ^Aliyy)?». Il lui a répondu: «Pour ce que tu viens de me dire, trois choses que le Messager de Allah a dites m'en empêchent. Et c'est pour cela que je ne l'insulterai jamais. Que j'ai une seule d'entre elles vaut mieux pour moi que les biens les plus précieux. J'ai entendu le Messager de Allah dire, lorsqu'il l'a chargé de rester derrière lui, quand il est parti pour une des conquêtes, ^Aliyy lui a dit: «Ô Messager de Allah, tu m'as laissé avec les femmes et les enfants?». Le Messager de Allah lui a répondu:

«أما ترضى أن تكون مني بمنزلة هارون من موسى إلا أنه لا نبي بعدي »

(Ama tarda 'antakouna minni bimanzilati Harouna min Mouça 'illa 'annahou la nabiyya ba^di)

ce qui signifie: «Ne voudrais-tu pas avoir le statut qu'avait Haroun de Mouça? Mais il n'y a pas de prophète après moi». Je l'ai entendu dire le jour de la bataille de Khaybar:

«لأعطين الراية رجلاً يحب الله و رسوله و يحبه الله و رسوله»

(La'ou^tiyanna r-rayah rajoulan youhibbou l-Laha wa raçoulahou wa youhibbouhou l-Lahou wa raçoulouh)

ce qui signifie: «Je donnerai certes la bannière à un homme qui aime Allah, et Son Messager et que Allah aime, et que Son Messager aime». Le compagnon a dit: «Nous avons tous souhaité être cet homme». Et le prophète a ajouté:

«أدعوا لي عليًا»

('Oud^ou li ^Aliyyan)

ce qui signifie: «Appelez-moi ^Aliyy». Il est venu, il avait le ramad, une maladie des yeux. Le prophète a mis de sa salive dans ses yeux et lui a donné la bannière. Et Allah lui a accordé la victoire.
Quand la 'ayah a été révélée:

﴿فقل تعالوا ندع أبنآءنا و أبنآءكم﴾
سورة ءال عمران / آية - 61

(Faqoul ta^alaw nad^ou 'abna'ana wa 'abna'akoum)
Sourat 'Ali ^Imran/'ayah 61.

ce qui signifie: «Dis, venez et allons appeler nos enfants et vos enfants». Le Messager de Allah a appelé ^Aliyy, et Fatimah, et Haçan, et Houcayn. Il Et il a dit:

«اللهم هؤلاء أهلي»

(Allahoumma ha'oula'i 'ahli)

ce qui signifie: «Ô Allah, ce sont ma famille». Et cela a été rapporté également par An-Naça'i.

Al-Hakim, que Allah lui fasse miséricorde, a rapporté dans Al-Moustadrak d'après Rifa^ah Ibnou Iyas Ad-Dabbiyy que, d'après son père, d'après son grand-père, il a dit: «Nous étions aux côtés de ^Aliyy le jour de la bataille de Al-Jamal. Il a demandé à ce qu'on lui ramène Talha' Ibnou ^Oubaydi l-Lah en lui proposant de le rencontrer. Talha' est venu à lui. ^Aliyy lui a dit: «Je te conjure par Allah, n'as-tu pas entendu le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wa sallam dire:

«من كنت مولاه فعليّ مولاه، اللهم وال من والاه و عاد من عاداه»

(Man kountou mawlah fa ^Aliyyoun mawlah Allahoumma wali man walah wa ^adi man ^adah)

ce qui signifie: «Celui qui se réclame de moi, qu'il se réclame de ^Aliyy. Ô Allah, accorde la victoire à celui qui est son partisan, et le châtiment à celui qui le prend pour ennemi». Alors Talha' a répondu: «Oui, je l'ai entendu ce hadith. ^Aliyy lui a dit: «Pourquoi alors tu me combats?». Talha' lui a dit: «J'avais complètement oublié le hadith». Et Talha' est reparti. C'est par la suite que Marwan Ibnou l-Hakam l'a tué alors qu'il quittait le champ de bataille.

Abou ^Oumar Ibnou ^Abda l-Bart a dit: «Les savants et les personnes dignes de confiance ne divergent pas sur le fait que c'est Marwan qui a bien tué Talha'».
Il lui suffit également comme mérite le hadith:

«أنا مدينة العلم و عليٌ بابها»

('ana madinatou l-^ilmi wa ^Aliyyoun babouha)

ce qui signifie: «Je suis comme une ville de sciences, et ^Aliyy est comme la porte de cette ville».
Et c'est un honneur également pour lui qu'il soit le premier des enfants à entrer en Islam. C'est un mérite aussi pour lui qu'il soit descendu dans la tombe du Messager lorsque le Messager est décédé afin de l'enterrer, et qu'il a participé à son lavage. Et il a d'autres choses également, et d'autres mérites, et d'autres caractères louables. Et également, il fait parti de ceux à qui le Messager de Allah a annoncé la bonne nouvelle qu'il sera au paradis.


Son courage dans le jihad

^Aliyy, que Allah l'agrée, était présent lors de différentes batailles, aux côtés du Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wa sallam. Et il avait un rôle important. Il a montré un courage étonnant. Le Messager lui a donné la bannière à plusieurs occasions. Et le Messager de Allah, quand il avait mené la première bataille de Badr, il avait donné à ^Aliyy la bannière blanche. Et lors de la grande bataille de Badr, il y avait devant le Messager de Allah deux bannières noires. L'une était avec ^Aliyy, qu'on appelait Al-^Ouqab, et l'autre était avec un des 'Ansar. Et le Messager de Allah lui avait ordonné de combattre en duel Al-Walid Ibnou ^Outbah. Et ^Aliyy l'a tué.
Lors de la bataille de 'Ouhoud, notre maître ^Aliyy, a tué trois des chefs de bataillons qui étaient connus pour leur grande animosité pour l'Islam. Il était à la force de l'âge, plein de force et de foi.
Et lors de la bataille de Al-Khamdaq, quand certains associateurs étaient venus sur leurs chevaux, parmi lesquels il y avait ^Amir Ibnou ^Abdou Wad Al-^Amiriyy, qui faisait parti des plus forts arabes réputés, et il était âgé à ce moment-là, quand il s'est arrêté avec son cheval, notre maître ^Aliyy lui a dit: «Je t' appelle à adorer Allah, à suivre Son Messager, et à l'Islam». Il lui a répondu: «Je n'ai pas besoin de cela». Il lui a dit: «Je t'invite alors à me combattre en duel». Il lui a dit: «Pourquoi donc, fils de mon frère? Par Allah, je n'aimerais pas te tuer». Alors ^Aliyy lui a dit: «Mais moi, par Allah, j'aimerais te tuer». C'est alors que ^Amirou s'est échauffé et il est descendu de son cheval qu'il a renvoyé. Puis il s'est dirigé vers ^Aliyy. Et ils se sont battus. Et ^Aliyy l'a tué. Et ses chevaux sont repartis perdants. Et c'était là un courage rare de la part de Abou l-Haçan.
Lors de la bataille de Kahybar, connue chez les gens des biographies, il avait tué Marhab, un chef de guerre des mécréants des fils de 'Isra'il. Et notre maître ^Aliyy, que Allah l'agrée, l'a tué malgré sa grande carrure, au point que son épée est arrivée jusqu'à ses molaires. Et tous les gens de la bataille avaient entendu le coup. Et lorsque le bouclier est tombé des mains de notre maître ^Aliyy, il a pris une des portes de la forteresse qu'il a utilisée comme bouclier. Et il l'a gardée dans sa main, en combattant, jusqu'à ce que Allah lui accorde la victoire. Puis il l'a jetée de sa main quand il a terminé. Et cette porte nécessitait huit personnes pour la déplacer et non pas pour la porter, tout comme cela a été rapporté de Abou Rafi^, l'affranchi du Messager de Allah.
Notre maître ^Aliyy est celui qui avait également tué Al-Houwayditou Ibnou Naqit, celui qui avait dit du mal du Messager de Allah et qui nuisait énormément au Prophète alors qu'il était à La Mecque.
Lors de la bataille de Hounayn, ^Aliyy, que Allah l'agrée, était resté ferme et a persévéré avec les musulmans qui étaient aux côtés du Messager de Allah, tout comme il avait persévéré le jour de la bataille de 'Ouhoud et ailleurs. Et chaque fois que nous révisons les conduites et les batailles, nous trouvons le nom de ^Aliyy, que Allah l'agrée, éclatant. Il avait passé sa vie défendant la religion agréée par Allah et il levait haut la parole de l'Islam.


Parmi ses paroles

Combien sont nombreuses les sources d'exhortations et combien sont peu nombreux les gens qui en tirent des leçons. Et quelqu'un qui a de l'honneur et qui veille sur sa femme ne commet jamais la fornication. Quelle est belle la modestie des riches par recherche de ce que Allah donne, et que c'est encore plus beau le fait que les pauvres se détournent des riches en se fiant à Allah Soubhanah. Il te suffit comme éducation de ton âme d'éviter ce que tu ne souhaites pas de la part des autres. Et celui qui recherche les défauts des autres, qui les renie, mais qui s'en satisfait pour lui-même, c'est l'idiot. Ne pense pas une parole qui est sortie de la bouche de quelqu'un, ne pense pas d'elle du mal alors que tu peux l'interpréter en bien.


Son décès

Il est mort, que Allah l'agrée, martyr, heureux, ayant reçu l'annonce de bonne nouvelle du paradis et de sa félicité. Il avait soixante ans. Son califat avait duré quatre ans et neuf mois. Que Allah l'agrée et honore son visage, qu'Il nous pardonne par son degré, et qu'Il nous rassemble avec lui, et les martyrs, avec les véridiques, et les vertueux. Et quelle bonne compagnie que celle de ceux-là.